Le Premier ministre français promet davantage d’impôts et de réductions des dépenses avant la lutte budgétaire


Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier a promis mardi de nouvelles réductions d’impôts et de dépenses pour réduire une dette « colossale », dans un discours politique qui a rencontré un accueil rauque de la part des législateurs qui pourraient renverser son gouvernement à tout moment.

Barnier, un ancien négociateur de droite du Brexit, a été nommé par le président centriste Emmanuel Macron pour apporter une certaine stabilité après le chaos politique créé par un parlement sans majorité résultant des élections anticipées de cet été.

Mais le chahut furieux de son premier grand discours politique, en particulier de la part de la gauche, a rappelé que les rangs de sa coalition, composée de conservateurs et de centristes, sont dépassés en nombre par l’alliance du NFP et du Rassemblement national (RN) d’extrême droite.

Si les deux unissaient leurs forces, ils pourraient destituer Barnier lors d’un vote de confiance.

Les opportunités de renverser le gouvernement abonderont dans les mois à venir alors que les ministres peineront à faire adopter un budget 2025 par le Parlement avant la fin de l’année.

Il a déclaré que le gouvernement vise à réduire le déficit à 5% du PIB en 2025, « sur la bonne voie » pour atteindre la limite de l’Union européenne en 2029, soit deux ans plus tard que prévu.

Il a qualifié la dette « colossale » de la France de plus de 3.200 milliards d’euros (3.500 milliards de dollars) — plus de 110 pour cent du PIB — de « véritable épée de Damoclès… suspendue au-dessus de la tête de la France et de chaque Français ».

Il a déclaré que les deux tiers de la réduction du déficit proviendraient d’une réduction des dépenses, qui représentent actuellement 57 pour cent du PIB, soit bien au-dessus de la moyenne européenne de 49 pour cent.

Mais alors que la France dispose « d’une fiscalité parmi les plus élevées au monde », il y aurait « un effort limité dans le temps qui doit être partagé, avec une insistance sur la justice fiscale » ou un partage équitable du fardeau, a ajouté Barnier.

Les grandes entreprises très rentables et les particuliers fortunés seraient appelés à payer davantage, a-t-il déclaré.

– Lignes rouges –

Barnier cherchait à jeter quelques os vers la gauche.

Il a dénoncé « une deuxième épée de Damoclès tout aussi terrible : la dette environnementale que nous laissons en héritage à nos enfants ».

La France miserait à la fois sur sa force traditionnelle dans le nucléaire et les énergies renouvelables pour réduire les émissions de carbone, a-t-il déclaré.

Barnier a ouvert la porte à des modifications de la réforme extrêmement impopulaire des retraites de l’année dernière, qui a relevé l’âge de la retraite.

Et dans une liste de lignes rouges, il a promis « une tolérance zéro pour le racisme et l’antisémitisme » et la protection des « libertés acquises au fil des années », notamment en matière d’avortement, de mariage homosexuel et de fécondation in vitro.

Certains opposants et observateurs craignent pour les droits et les libertés sexuelles et reproductives des migrants sous un gouvernement largement conservateur toléré par le RN.

Les promesses de Barnier adressées aux électeurs d’extrême droite comprenaient une plus grande « sécurité dans la vie quotidienne », où « le public sera rassuré par la présence des forces de l’ordre ».

Il a ajouté que « la France continuera à rétablir des contrôles à ses propres frontières aussi longtemps que nécessaire, comme le permettent les règles européennes et comme vient de le faire l’Allemagne ».

Lors des négociations avec les principaux pays d’origine de l’immigration irrégulière, la France menacerait de réduire le nombre de visas délivrés pour les voyages légaux, a prévenu Barnier.

Ses commentaires sur l’immigration font suite au viol et au meurtre d’une étudiante parisienne de 19 ans, où un Marocain sur le point d’être expulsé a été désigné comme l’agresseur présumé.

Les députés ont observé une minute de silence pour la victime, nommée Philippine, à l’ouverture de la session parlementaire.

– Les yeux rivés sur le meilleur travail –

Le NFP – une alliance de la gauche dure France Insoumise, Communistes, Socialistes et Verts – devrait déposer une motion de confiance contre le gouvernement Barnier dans les prochains jours.

Mais le RN attend son heure pour l’instant, pariant sur une stratégie consistant à se montrer responsable envers les électeurs plutôt que de déclencher davantage de chaos politique.

Les regards sur la scène politique se tournent déjà vers 2027, date à laquelle une nouvelle élection présidentielle devra avoir lieu, à laquelle Macron ne pourra pas se représenter en raison de la limitation des mandats.

La chef du RN, Marine Le Pen, espère que sa quatrième candidature à la présidentielle sera celle qui la fera entrer à l’Elysée, après des scores records aux élections européennes et parlementaires de cette année.

Le parti est désormais le parti le plus important à l’Assemblée nationale (chambre basse), bien qu’il soit loin d’avoir la majorité dans la chambre de 577 sièges.

Le virage à droite de la politique française s’inscrit dans le cadre d’une tendance générale en Europe qui a également vu dimanche le Parti de la liberté d’extrême droite autrichienne remporter les élections nationales.

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